Conférenciers invités
Marah Hardt (Directrice de recherche Future of Fish, Université James-Cook, Australie): An Intimate Act: Sex, Sustainability, and the Future of Our Planet Ocean
Jean-Jacques Wunenburger (Centre Gaston Bachelard de recherches sur l’imaginaire et la rationalité, Université Jean Moulin (Lyon III), France): Poétique de la mer, l’impensé bachelardien
======En 1942, en pleine occupation de Paris par les troupes allemandes, Gaston Bachelard abandonne pour un temps l’étude de la rationalité scientifique et se réfugie dans la poésie des éléments cosmologiques. Avant L’Air et les Songes, il se livre dans L’Eau et les Rêves (Corti) à une mémorable exploration des eaux douces. Si la mer y est parfois évoquée, Bachelard confesse qu’il n’a vu la mer que très tard. Que serait devenu le manuscrit si Bachelard était né au bord de la mer et non au bord de l’Aube, rivière qui traverse sa ville natale, Bar-sur-Aube ? On proposera librement une fiction de cette rêverie de la mer, salée et tempétueuse, pour y trouver des échos de l’imaginaire bachelardien et peut-être quelques thématiques impensées mais profondément enracinées dans son imaginaire.
Massimo Venturi Ferriolo (Professeur émérite de l’École Polytechnique de Milan, Italie), introduit par Paola Capone (Université de Salerne): Fons vitae. L’acqua sorgente di paesaggi
======As the very essence of life, water plays a leading role in myth, Sacred Scripture and philosophical thought, from the earliest reflections on nature. Nature draws sap from water. The first cosmogonies recount that, at the origin, nothing existed. Life was born from the desire of water and earth to join in a fruitful union, a theme taken up with its variations by the later mythical heritage. From the ancient world to the present day, water has always maintained a strong mythical and vital significance, coming from afar, from the time when man has used it in the necessary arts, first and foremost agriculture. There is no art without water: this is the lesson of myth and culture. Hence, water, fons vitae, is a precious good that calls for an ethic of responsibility.
Bertrand Westphal (Directeur du laboratoire Espaces Humains et Interactions Culturelles, Université de Limoges, France): Le liquide et l’effroi
======Lorsque Deleuze et Guattari estimaient que la surface maritime était un espace lisse, ils se précipitaient quelque peu, car à l’âge moderne celle-ci s’est couverte de lignes abstraites conformes à une géopolitique fascinée par les stries. Pour le moins, ils avaient raison sur un point. Dans l’imaginaire collectif, les mers restent l’espace par excellence, celui qui résiste à l’emprise véritable, celui qu’il est si difficile de domestiquer, de transformer en lieu.
======Dans mon intervention, on reviendra sur une expression moins galvaudée qu’il n’y parait : « fendre les flots » et faire béer le monde.
======Fendre les flots fut longtemps un symbole d’hubris. En effet, si déjà le terroir, lieu a priori familier, entraînait philologiquement la terreur, qu’aurait-il pu en être de la mer, si infiniment plus redoutée ? Sénèque donne une idée de cette angoisse ontologique dans sa Médée, qui, à peu de choses près, annonce la peur des lendemains incontrôlables. Avant d’en arriver à notre société liquide, ouverte sur la communication à outrance, il aura fallu en passer par la vision que Dante expose dans le chant 26 de son Enfer et par celle, bien différente, que Camões consigne dans ses Lusiades. Il aura fallu en passer par celle que Primo Levi entrevoit à Auschwitz, au cœur d’une apocalypse foncièrement tellurienne, celle-là, alors qu’il revisite la lecture dantesque de l’Odyssée.
======Comme l’a si bien compris Georges Didi-Huberman, dans Essayer voir, le lieu, notamment totalitaire, se situe entre le déchiffré et le déchiré. Tout au long des siècles, alors que l’on affrontait l’étendue liquide, on éprouvait le sens profond de cette dualité extrême, le déchiré et le déchiffré, qui faisait de la mer la quintessence des effrois et des espoirs de l’humanité.
Olivier Francis (Faculté des Sciences, de la Technologie et de la Communication, Université du Luxembourg, Luxembourg): Freezing Days in Antarctica: Embarking on a Journey Towards the End of the World
======The “ice continent” Antarctica is a unique place: cold, dry, windy… with long days and nights. The climate is so rough that human beings started to winter in Antarctica only a century ago.
======Antarctica has a peculiar political status as it is governed by several countries under specific regulations – the Antarctic treaty.
======We propose a tour of the life and activities at a scientific station in Antarctica during the summer season.
======Pictures of this fascinating corner of our planet in a hostile environment open our eyes and spirits on one of the most inspiring regions.
======The life conditions are such that we discover as much about this unique environment as about ourselves: this extraordinary adaptability of our body and mind.
======Naively, we departed from our safe home to explore the End of the World. Eventually, we have learned more about ourselves.